Comment faire son deuil : un travail – presque – comme un autre ?

Deuil - Christophe Genthial Psychologue à Marseille

Faire son deuil est un travail.

Et comme tout travail, il faut nous garder de le confondre avec…

  • … sa consigne, qui décrit le résultat à atteindre grâce au travail : « Fais ton deuil ».
  • … son résultat, qui décrit le résultat atteint grâce au travail : « J’ai fait mon deuil ».

Le travail se trouve, nous disent les Cliniciens du travail, entre la consigne et le résultat, dans cet espace initialement vide, à remplir, où va se loger le « comment faire ».

Le travail, c’est ce « comment faire » : à partir de la consigne, pour atteindre le résultat.

A nous d’élaborer notre « comment faire », avec tout ce que nous imaginons, essayons, testons à l’épreuve de la réalité, pour tenter de faire notre deuil… du mieux possible.

L’exigence de créativité, d’originalité est immense pour élaborer « notre » manière de faire « notre » deuil, car jamais ce travail de deuil ne saurait être expliqué et décrit par une forme de « mode opératoire », établi et « à diffuser ».

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Cela d’autant plus qu’il faut accepter l’expérience si parfaitement singulière du deuil pour chacun d’entre nous : selon nos histoires personnelles, familiales, amicales… mais aussi selon notre sensibilité, et notre manière d’éprouver, physiquement et émotionnellement la douleur, la colère, la peine et la tristesse, les regrets et les espérances.

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Or, lorsqu’il s’agit d’élaborer, d’améliorer, de confronter nos « comment faire », les psychologues insistent avec raison sur l’importance du dialogue et de l’échange. Il s’agit tout simplement de cette ressource essentielle qu’on appelle le collectif…

… sauf que…

… la question de la mort est encore bien trop taboue aujourd’hui pour permettre le développement d’un tel dialogue collectif avec et autour de la personne endeuillée !

Alors bien sûr le silence respectueux et pudique des proches signe le plus souvent l’envie de bien faire : on ne veut pas faire de la peine, on veut éviter d’être maladroit, on ne veut pas faire pleurer… il s’agit de se protéger face à ce que représente d’insupportable la perte d’un enfant, d’un parent, d’un ami… plus encore lorsque la mort arrive « trop tôt » ou de façon violente ou douloureuse.

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Mais il n’empêche que le deuil est un travail comme un autre : parce qu’il nécessite du dialogue pour bien l’accomplir…

… mais c’est aussi pourquoi le deuil est un travail si fondamentalement différent des autres : parce qu’il reste encore trop difficile aujourd’hui de réunir pour le survivant les ressources d’un collectif avec lequel développer un dialogue en vérité sur la douleur de l’absence de la personne disparue.