Lorsque le psychologue, le coach, ou le consultant dialogue avec son client, il l’encourage à mobiliser le langage pour agir sur la situation qui fait l’objet du travail engagé ensemble.
En réponse, toute parole que le client formulera sera porteuse d’une intention, pas toujours explicite.
Dans cette situation, le psychologue devient l’instrument de son client. Il n’a pas à juger de la justesse ou du bien-fondé de l’intention de son client. Il doit en revanche pleinement tenir sa place d’instrument à l’usage de son interlocuteur : par son écoute, ses réactions, ses silences comme ses relances et ses questions.
Comme l’instrument permet au mécanicien de fabriquer, de réparer, de créer, de donner forme, le psychologue doit en faire autant pour son interlocuteur. À lui de tenir sa place d’instrument, en l’assumant pleinement, en conscience : avec l’efficacité, la fiabilité, la robustesse que son interlocuteur attend de l’instrument qu’il s’est choisi.
Adopter cette posture et se laisser instrumentaliser est un premier défi pour le psychologue au travail.
Le second défi est de tenir cette posture dans le temps : dans le temps court de l’entretien, dans le temps long de la relation sur toute la durée de l’accompagnement.
Le troisième défi est de se laisser instrumentaliser sans jamais se laisser manipuler. S’il entend l’intention de son interlocuteur, ce n’est pas pour autant qu’il doit y céder. Bien au contraire.
Le travail du psychologue dans une démarche d’accompagnement, c’est de relever le défi de s’engager sur cette ligne étroite qui distingue l’instrumentalisation de la manipulation : avec un interlocuteur qui en permanence cherchera à l’entraîner du côté de la manipulation.
Être instrumentalisé ? Toujours. Manipulé ? Jamais.
C’est de mon point de vue la part la plus complexe, la plus dure, la plus engageante, mais aussi la plus passionnante du travail d’accompagnement.
C’est aussi la plus utile pour celui à qui ce travail est destiné.
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