Pour libérer l’entreprise ? Libérons le travail !

Couverture article Pour libérer le travail libérons l'entreprise par Christophe Genthial psychologue à Marseille

Qui ne s’est pas déjà pris à rêver à cette « entreprise libérée » ?

Et pourtant, s’il fallait libérer quelque chose aujourd’hui, est-ce que ce ne serait pas plus simplement le travail lui-même ?

Les travaux d’Yves Clot sur le « travail empêché » ont une dizaine d’années. Ils méritent de ne pas être oubliés trop rapidement.

Yves Clot constate que plutôt que d’encourager le salarié à recourir à son « geste de métier », l’organisation aime lui prescrire un « geste de métier » de référence : la « bonne pratique ». Or, cette « bonne pratique » a toutes les chances, en raison des circonstances toujours particulières dans lesquelles s’effectue le travail, de ne pas s’accorder aux besoins spécifiques du travail en cours de réalisation.

Non seulement le salarié n’a pu dans ces circonstances réaliser un aussi bon travail qu’il l’aurait souhaité, mais il s’est surtout vu amputé de la part d’ingéniosité qu’il aspirait, comme nous tous, à investir dans son travail.

Cette amputation a deux graves conséquences :

L’une pour le travail, qui se dégrade rapidement, puisqu’il perd le bénéfice de cette ingéniosité du salarié. Le coût de ce « freinage » de l’activité devient rapidement significatif. Les évaluations du coût astronomique de ces gisements de productivité abondent dans la presse (ce livre blanc de Sciences Po Executive Education est par ex. sur ce point une source intéressante). Mes observations sur le terrain les confortent largement.

L’autre pour le salarié, qui devra « refouler », contre son gré, cette envie d’initiative. Avec un coût à terme sur sa santé : psychique et physique.

Apprécions donc le discours ambiant autour de la libération de l’entreprise, pour ce qu’il a de positif … mais ne résistons pas à l’envie de préciser que pour libérer l’entreprise, c’est sans doute à la libération du travail qu’il faut commencer par s’attaquer.

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